Comme l'ensemble des Cévennes, Vialas fut particulièrement perméable à la Réforme. C'est en 1612 que la communauté protestante décida d'édifier ce monument aux frais de ses paroissiens, en un lieu éloigné de plusieurs kilomètres du centre de vie de ce pays, qui était alors Castagnols. A partir de cette date Vialas se développa autour de son Temple. De style Roman, fait d'énormes blocs de granit, sol compris, recouvert de lauzes, il subit à travers les âges les conséquences de l'histoire et échappa au " brûlement " à l'époque des persécutions religieuses. En effet dès 1682, et avant même la révocation de l'Edit de Nantes, l'Evêque d'Uzès s'en empara ainsi que du cimetière attenant et les donna aux catholiques, qui l'agrandirent en y ajoutant un chœur, puis plus tard un clocher, "suffisant pour y mettre une grosse cloche à sonner en branle". Cette cloche fut achetée " au prix de seize sols la livre".

 

Histoire du Temple de Vialas

Mais "le député chargé de l'achapt ", ne put trouver " aucun charretier qui ait voulu voiturer la dite cloche sur le dit lieu qui est inaccessible aux charrettes où il faudrait avoir trois hommes pour empêcher de verser ". Ce projet n'a pas abouti. La cloche actuelle porte gravée l'inscription "1859 F Baudoin fondeur d'Alais Eglise Réformée de Vialas Lozère. Pasteurs Marion père et fils. Jubilé séculaire du Protestantisme Français. " Pendant la période révolutionnaire, le curé partit et l'édifice resta fermé. Sous le Consulat, les protestants adressèrent une requête au Conseil d'Etat. Intervention bien accueillie, puisque le 19 Thermidor An 12 (30 août 1804) le maire de la commune, Antoine Escalier, en vertu d'un décret de " Sa Majesté Impériale ", remit la clef du Temple aux membres du consistoire. Son président répondit ainsi: " Monsieur le Maire, ce Jour est un jour de joye et d'actions de grâce pour 1'Eglise Réformée de Vialas; il y a déjà cent vingt ans que cet antique édifice nous fut enlevé par un de ces coups de despotisme qu'enfantent le délire et le fanatisme en fureur; depuis cette époque, trop mémorable dans les annales des malheurs de l'église, nous avons constamment gémi sous la plus cruelle oppression. Béni soit le Dieu miséricordieux qui a fait lever sur nous la clarté de sa face, qui a suscité pour le bonheur de ce vaste empire un génie tutélaire et réparateur de tant de maux. Sous un gouvernement juste, nous rentrons enfin dans la plénitude de nos droits imprescriptibles et désormais nous pourrons servir Dieu selon le vœu de nos consciences, dans un sanctuaire dédié à son nom. Si, dans nos plus grandes disgrâces, nous avons été toujours soumis et fidèles, pourrait-on craindre de nous voir manquer à des devoirs si sacrés lorsqu'on nous rend ce que la tyrannie nous avait ravi? De nouveaux motifs de reconnaissance nous lient toujours plus intimement à notre chère patrie et nous inspirent pour son auguste chef autant de confiance que de vénération. Nous nous félicitons, Monsieur le Maire, de partager avec vous des sentiments si purs et de pouvoir vous compter au nombre des membres de l'Eglise Réformée de Vialas. C'est en son nom et au nom du Consistoire qui la représente, que nous vous prions d'assurer le gouvernement de la pureté de nos intentions, de notre zèle à servir la patrie et de la sincérité de nos voeux". A partir de cette date rien ne vient troubler la mission pour laquelle il avait été construit, malgré une tentative d'annexion avortée sous la Restauration. Dès 1821 et sous l'effet du développement des mines de plomb argentifère, la population s'accrut progressivement et si fortement que le Consistoire se préoccupa d'abord d'agrandir puis de reconstruire cet édifice aux frais de la communauté et de la commune, avec l'aide de l'Etat qui avait été obtenue. La guerre de 1870 vint compromettre ces projets. La population de la commune, qui atteignait alors son maximum de l'ordre de 2.500habitants, se mit à diminuer lentement du fait du ralentissement de l'activité des mines et de leurs fermetures à la fin du siècle. "

André Platon Causses et Cevennes-1991- n°2- 96éme année

 

Le temple de Vialas s'impose avant tout par l'harmonie de ses formes et de ses matériaux. La voussure simple du portail au dessus de la porte d'entrée et les vitraux récents de Robert Pillods constituent l'ornementation extérieure de l'édifice.

A l'intérieur un mobilier assez ancien est conservé, la chaire à précher date en effet de 1817 et les bancs les plus vieux de 1878. La chaire placée à l'entrée de l'abside est quant à elle plus récente. Le sol recouvert de larges dalles respecte l'harmonie des matériaux. L'église Réformée de Vialas retrouvera son temple en 1804, suite à la Révolution Française et à l'instauration du Concordat. Etre privée de temple et subir toutes sortes de répressions n'avaient pas entamé la foi des calvinistes et en 1789, 96%de la population de Vialas était protestante.

Cette chaire en noyer a été construite en mars 1817 par François Paris et Louis Platon, menuisiers. Elle a été restaurée en 1991

Retour
Pour plus d'informations sur la religion réformée et tout particulièrement la guerre des Camisards visitez Camisards.net

Découvrez les paroles de "La cévenole" ou "La Marseillaise Huguenote"

Une autre chanson en hommage aux femmes huguenotes incarcérées pour ne pas avoir voulu renier leur foi