Lux nostris, hostibus ignis

Vialas : son Nom, son Blason

Ah ! Nous voudrions bien savoir ! Les noms tellement familiers des montagnes et des rivières "bien de chez nous ", que signifient-ils ? Que veulent dire, par exemple : Lozère (jadis Lézora), Cévennes, Trenze, Luech, Homol, Tarn, Lot (Olt), etc. ? D'éminents spécialistes se sont livrés à de savantes études sur ces étymologies. Ils en demeurent encore, du moins les plus sérieux d'entre eux, au stade des probabilités. Car ces noms n'ont pas changé du fait de l'occupation romaine, voire de l'implantation gauloise. Ils peuvent même précéder l'arrivée des indo-européens et plonger leurs racines dans l'épaisse couche ligure ou néolithique. Libre à nous d'accepter ou de refuser la profusion des hypothèses émises par les uns et les autres, de chercher à notre tour, de rêver aussi... pour un temps seulement, car nous ne tarderons pas à y voir plus clair en ce domaine, grâce à la "pluridisciplinarité", des recherches modernes. Il n'en est pas de même pour la "microtoponymie ". En effet, la presque totalité des noms de villages et de lieux-dits provient de l'époque gallo-romaine ou du Moyen-Âge.

Les noms de Castagnol, de Soleyrol, les Hortals, Nojaret, le Travers, Figerolle ou Souteyranne ne recèlent aucun secret.
Vialas non plus, quand on connaît son écriture primitive. Tous les vieux documents s'accordent pour écrire dès le Xlle siècle : " Mansus Villarius " - une sorte de tautologie, car "mansus " désigne une exploitation rurale et, villarius, un domaine rural, avec peut-être un accent plus prononcé sur la maison d'habitation que sur la propriété elle-même. Vialas appartient donc à la centaine de toponymes locaux de la même famille : le Villaret, la Viale, la Vialasse, le Viala, le Villar, tous cousins germains des " Villers " du Nord et des " Villé " du Rhin. Ils signifient le "domaine agricole ", la "ferme ", même si, dans certains cas, la "villa " désignera à la basse époque un lieu de plaisance plus ou moins somptueux. Il n'en fut jamais ainsi en Cévennes. Quant au "blason " de la communauté de Castagnols, il a disparu pour toujours, semble-t-il. Toutes les recherches depuis un siècle sont demeurées vaines. Si encore nous possédions l'emblème de l'antique et célèbre famille "montclar " dont le Chastelas, du mot latin "castella" (postes fortifiés), servit de lieu de refuge et de défense aux époques troublées, sur la pointe de la montagne que tout le monde ici a escaladée au moins une fois ! Faute de mieux, nos prédécesseurs ont adopté l'écu des La Fare que tous les armoriaux lisent ainsi : " D'azur, à trois flambeaux d'or allumés de gueules, posés en pal ". Ce choix est-il heureux ? Certes, il est authentique, car l'héritière universelle, la dame de Montclar, Almueis, épouse en 1411 Guillaume de la Fare, Chevalier, Seigneur de la Fare (Saint-André-de-Valborgne), chambellan ordinaire du roi Charles VII. Mais une grande partie des Cévennes pourrait arborer le même blason et la commune de Branoux l'a fait, car par ce mariage et d'autres non moins heureux, cette puissante famille va régner de Villevieille (Sommières) au Mont Lozère. Au fond, pourquoi pas cet emblème commun à toute cette haute terre, ces trois torches allumées et cette devise "De la lumière pour les nôtres, du feu pour nos ennemis" (Lux nostris, hostibus ignis) ? Ce fut tellement vrai !

L'Abbé Jean ROUX

L'Abbé Jean ROUX

 

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